Extrait:
Un nuage, un nuage hirsute… Et poignant néanmoins,
car lorsqu’il eut gonflé son rideau gastrique,
le paysage en dessous, quoique crûment baratté,
était depuis longtemps rongé par la finesse d’ici-bas…
Du vent et de la fiente de loup et de la bruyère et des rochers
peignés par des chardons, un boisseau d’avoine
renversé par une vachette dans des champs en friche –
puis rien que la tonsure d’une fontaine
rien qu’un peu de verdure froissée en un papier au filigrane d’un cimetière
et rien qu’un chemin vers le village, perdu du sens…
Sur ce chemin un être avance justement.
Si l’eau de nombreux puits attire le jeune garçon,
l’homme aspire à la source… Celui que voici
(rien qu’à son pas qui est presque agenouillement) est un homme.
Et un étranger, rien qu’à son apparence, honteux d’être là.
Et aussi pourtant natif d’ici, rien qu’à la timidité
avec laquelle il se lisse les cheveux
et compare sa vieille écriture d’enfant
aux épreuves en placard ressenties actuellement…

Vladimír Holan (1905 – 1980) est né et mort à Prague. Longtemps cité comme candidat au Prix Nobel, interdit de publication pendant plus de vingt ans, poète du tragique et de la résilience, Holan vivait en reclus sur l’île de Kampa, au cœur de Prague. Sur plus d’une trentaine de livres, seule une petite dizaine a été traduite en français, dont À tue-silence, Une nuit avec Hamlet, Douleur, À l’article…
Traduction du Tchèque par Jean-Gaspard Páleníček.
février 2023
5 euros
32 pages, 11x18cm
330 exemplaires numérotés
ISBN 978-2-9578277-3-2
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